Chef d’Orchestre, Lauréat du Concours Mitropoulos de New York, Jean-Louis Petit a dirigé des orchestres en Europe, USA, Canada, Mexique, Pologne, Ukraine, Tchéquie, Corée, Roumanie, Egypte, Turquie...au service des répertoires symphoniques les plus variés. Il a su motiver de nombreux compositeurs en les incitant à écrire des oeuvres dont il a assuré la création et l’enregistrement, en particulier avec les ensembles qu’il dirige régulièrement : Orchestre Jean-Louis Petit et AMVA92.
Compositeur il a écrit pour tous les instruments. On lui doit des oeuvres symphoniques, de musique de chambre, des concerti des oratorios, sept opéras. Son catalogue compte 504 numéros d’oeuvres à ce jour.
Cette volonté de non spécialisation est issue de son tempérament musical polyvalent. Grand admirateur d’un patrimoine inépuisable et en prise directe avec la création contemporaine, Jean-Louis Petit met son talent au service de tous les publics.
Ecoutez quelques oeuvres baroques reconstituées et dirigées par Jean-Louis Petit dans la collection "Grand Siècle" (30 disques) sur :http://www.youtube.com/watch?v=nUnKjgMxxuI
Concert de l’Orchestre de Chambre de l’ORTF dirigé par Jean-Louis Petit :
Jean-Louis Petit : Exercices pour jouer Bach à l'orgue, au clavecin, au piano.Préface de Elisabeth Chojnacka. Edition Didactedis, avenue J.P.Carsoel 125, 1180 Bruxelles, Belgique [email protected]
préface d'Elizateth Chojnacka
Les bons doigts sur les bonnes touches, tout le problème est là…
Qu’est-ce que le bon doigt ? Le doigt docile, habile, capable de produire non seulement le son, le beau son, mais aussi un trait, lent ou rapide, un doigt capable de marquer un accent, capable de nous faire comprendre le sens d’une phrase musicale.
Les doigts, ces dix doigts de nos deux mains, doivent être formés, éduqués. La main porteuse de ces si précieux appendices doit travailler de la façon la plus rationnelle – selon la rationalité du moment, disons – pour s’assouplir, pour s’agrandir. Les doigts sur le clavier devront apprendre à passer les uns au-dessus des autres, au-dessous des autres, de façon la plus naturelle, la plus efficace. C’est la technique. Et c’est elle qui servira la Musique. Mais comment s’entendre sur ce qu’est le bon ou le mauvais doigt ?
Aux alentours de 1600, les Anglais considèrent comme les meilleurs doigts (les plus forts) - les 1er, 3ème et 5ème - les Italiens les 2ème et 4ème. Le doigté anglais influencera Couperin, Rameau, et aussi J.S.Bach et C.P.E.Bach. On joue donc, à l’époque, (suivant l’école) avec les 2ème, 3ème,4ème, ou avec les 1er, 2ème, 3ème, 4ème, 5ème, où l’emploi du 1er et du 5ème est réservé à des cas d’exception. On joue donc en passant constamment le 3ème su le 4ème ou l’inverse et on considère que c’est normal et bon.
Le doigté qui détient la clef du bon phrasé reste à étudier.
Si les anciens pensent doigts forts – doigts faibles, l’évolution historique ultérieure du doigté tendra vers l’usage, et donc l’éducation, de tous les doigts.
Nous savons que le doigté dépend aussi de l’instrument. S’il était possible autrefois de répéter avec un même doigt une même note au virginal ou au clavecin, ou de triller avec les 4ème et 5ème doigts, cela deviendra impossible avec l’alourdissement de la touche du piano-forte et du piano et encore davantage à l’orgue avec les accouplements : autres instruments, autres doigts et autres doigtés, autres possibilités techniques. Et voilà.
Avec une technique de jeu de plus en plus exigeante, des techniques nouvelles imaginées par les compositeurs, créateurs d’idées musicales nouvelles, notre temps voit simultanément renaître le courant de reconstitution du répertoire du passé avec sa lecture spécifique du texte, ses instruments d’époque, ses recherches de compréhension de l’esprit du passé et ses doigtés naturellement en même temps que naît le répertoire contemporain avec les instruments modernes (clavecin moderne, piano).
Des mains on exige une dextérité de plus en plus grande, des doigts de tomber juste sur la bonne note dans un tempo d’enfer, de sauter d’un bout d claver à l’autre toujours sur les notes qu’il faut… Il est nécessaire pour cela de choisir de bon doigtés et de posséder de bons doigts qui ont été préparés et formés par de bons exercices.
Le travail de Jean-Louis Petit est remarquable par la richesse des problèmes techniques posés, par le choix du matériau musical adéquat. Le doigté à l’ancienne sert ici (dans la plupart des exemples, à répondre aux problèmes à la fois techniques (notes répétées, notes tenues, ornements, élargissement de la main, etc…) et musicaux (articulation, phrasé).
Puissent ces exercices former de formidables et intelligentes mains qui pourront, après, choisir : ancien ou moderne.
Elizabeth Chojnacka
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Réponse à un mélomane qui demande "en quoi ce programme Bach diffère-t-il des innombrables programmes consacrés à Bach tant par les orchestres de chambre traditionnels (voire symphoniques) que par les ensembles baroques."
"Vous me demandez des éclaircissements sur le programme Bach de l’OJLP. Cela demande une explication un peu longue, mais je ne recule pas devant la tâche.
Jean-Louis Petit a une formation initiale d’organiste, et, à ce titre, l’œuvre de Bach a nécessairement été son pain quotidien à une époque où Helmut Walcha faisait découvrir, à travers ses enregistrements, une nouvelle manière d’interpréter Bach sur des instruments d’Allemagne du Nord, instruments d’origine et presque intacts (alors que presque toutes les orgues françaises ont été saccagées au fil des remaniements) et avec une vision esthétique très dépouillée, pendant que le grand organiste français Marcel Dupré, qui était une référence partout dans le monde, dont le cheval de bataille était de donner en concert l’intégrale des œuvres pour orgue de Bach par cœur, ne se préoccupait presque exclusivement que de doigtés. JLP se considère donc comme l’un des innombrables disciples de Bach, même si, dès le départ, son goût l’a porté vers les organistes-compositeurs français Couperin, Clérambault, Grigny, Nivers,…et sur l’interprétation pleine de fantaisie de ces compositeurs qu’en donnait par exemple l’organiste André Marchal .
Jean-Louis Petit est, par ailleurs, un compositeur (son catalogue actuel avoisine les 500 œuvres) formé dans les classes d’écriture traditionnelles et auprès d’Olivier Messiaen dont il a été l’élève au CNSMP. Si Messiaen avait une vision claire de la composition, il avait une vision tout aussi claire de l’interprétation des oeuvres de toutes les époques et son enseignement a ouvert les yeux et oreilles de ses élèves sur beaucoup de points.
Il est aussi un découvreur de musiques anciennes qu’il a retranscrites dans les bibliothèques et dont il a enregistré une grande partie pour DECCA international (30 disques dans la Collection « Gand Siècle ».)
Il n’est donc pas inexact de dire que JLP connait la musique de l’intérieur autant que de l’extérieur, ce qui n’est pas le cas de nombre d’interprètes aujourd’hui.
Jean-Louis Petit a fondé son orchestre (toujours en activité) en 1958, il y a donc plus de 50 ans. Sa formation de chef d’orchestre s’est faite principalement auprès de Markevitch, de Boulez, de Ferrara. Il a beaucoup appris aussi en étant musicien lui-même au sein de divers orchestres symphoniques. Son répertoire reflète son attachement à Bach autant qu’à la musique française qu’il diffuse, tant que faire se peut, dans un pays, la France, qui n’aime pas sa propre musique. Heureusement la musique française est très appréciée ailleurs.
Depuis l’époque de sa formation et de son admiration pour les interprétations de Bach par Helmut Walcha, la vision de JLP sur l’interprétation autant que sur la substance de l’œuvre de Bach a évolué au fil de ses très nombreux concerts : prendre en compte les nouvelles découvertes et études musicologiques ainsi que l’arrivée en masse des instruments reconstitués à l’ancienne, avec tout un battage autour de ce phénomène purement anecdotique, a été naturellement une nécessité, mais là n’est pas l’essentiel qui se trouve dans la substance même de la musique de Bach et non dans son habillage sonore. La preuve en est que Bach joué à l’accordéon ou au synthétiseur est toujours Bach immuable et semblable à lui-même.
Prendre en compte aussi l’évolution de la société française et du ressenti de l’œuvre de Bach par tous ceux qui s’expriment et se sont exprimés à son sujet est aussi très instructif. Nombreux sont ceux, de tous horizons, qui ont livré au public, à toutes les époques, leurs impressions sur Bach : d’Indy, Koechlin, Hodeir, Cocteau, Honegger, Debussy, Saint John Perse, Gide, Montherlant, Barbault, Boulez, A.Schweitzer, Giono, Proust, Claudel, Gounod, Saint-Saëns, Dukas, Varèse, H.Cixous, Saint-Exupéry, etc… Si les avis sont surtout suggestifs, chez les littéraires en particulier, ou bien tendancieux chez certains professionnels, il est intéressant de les disséquer et de les intégrer à une réflexion globale sur le sujet.
Pour qu’une interprétation de Bach (ou d’un autre compositeur) soit intéressante, il y a lieu de lutter contre deux tendance chez les musiciens d’orchestre (et aussi chez beaucoup d’ autres) : la routine d’une part et la mode d’autre part. Beaucoup d’orchestre (et de solistes) ne fonctionnent que sur l’une ou l’autre, alternativement ou conjointement, voire les deux, au gré du hasard. Leur doctrine se résume ainsi : « on a toujours fait ainsi, il n’y a pas de raison de changer », ou bien « Un tel a du succès en jouant de cette façon, faisons comme lui ».
Il n’y a en cela aucune réflexion esthétique, aucune étude sérieuse, aucune base solide sur laquelle s’appuyer. Parfois on obtient ainsi une émotion, qui souvent n’est pas à sa place, ou une plénitude, qui ne correspond pas à l’esprit du texte. On pourrait s’en contenter, car le but final de l’art c’est malgré tout l’émotion ou la satisfaction artistique, mais ce résultat, qui n’est qu’à moitié satisfaisant, est le fruit du hasard, et le hasard n’est pas reproductible.
Par ailleurs le fait de jouer plus vite ou plus fort, parce que cela fait de l’effet auprès des béotiens, ou d’utiliser des instruments copie d’ancien, voire d’utiliser l’instrument de Bach lui-même, parce que cela impressionne les puristes, ne change rien au problème : ce qu’il faut c’est accorder sa sensibilité musicale à sa science technique, théorique, musicologique. Et pour cela il faut l’avoir acquise, cette technique, par un très long travail et une réflexion approfondie."